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Péril sur l'humus
par Pascal de RauglaudreExtraordinaire réserve de biodiversité, essentielle au stockage de gaz carbonique, cette fine pellicule de terre fertile est menacée par les pratiques agricoles modernes, hypothéquant la vie elle-même.Fine pellicule de terre fertile, épaisse d’à peine trois centimètres en moyenne sur l’ensemble des terres émergées, l’humus est menacé, mettant notre équilibre global en danger. En effet, outre le filtrage de l’eau, l’humus joue un rôle essentiel dans le stockage du dioxyde de carbone, le CO2 – un des responsables du changement climatique. Le carbone contenu dans l’humus représenterait 2400 milliards de tonnes, soit le deuxième réservoir de carbone sur la Terre (les océans en contiendraient 3700, les êtres vivants de la surface, 560).
Le péril pesant sur l’humus provient essentiellement des pratiques agricoles modernes. Ainsi, le labour, avec des machines de plus en plus lourdes, tasse cette couche de terre et étouffe la vie grouillante et essentielle qu’elle contient. Car l’humus est une réserve inépuisable de biodiversité. Un seul gramme peut contenir jusqu’à un milliard de micro-organismes, la plupart encore inconnus, et cette faune souterraine fournit tous les aliments nécessaires à la croissance des arbres, des plantes, des céréales, et donc des hommes.
Labourer l’humus accélère aussi son érosion en le rendant imperméable à la pluie, qui ruisselle et draine vers les cours d’eau et la mer les sédiments très fertiles de la surface. L’humus a déjà disparu de plusieurs sols du monde : au Mexique, par exemple, il resterait moins de 10 % de terres arables.
Trop d’engrais, de pesticides et d’herbicides, en éradiquant les micro-organismes, épuise les capacités de production de l’humus. Car une molécule de pesticide ne fait pas la différence entre les bons et les mauvais insectes qu’elle a pour but d’éliminer. C’est une explication des baisses de rendement agricole observées ces dernières années.
Quant aux régions où l’humus est riche et profond, l’Ukraine, la pampa argentine, le Middle West américain, la Beauce et la Brie, elles ne sont pas non plus à l’abri de la dégradation. Une organisation écologiste américaine, Ecology Action, a calculé que pour chaque kilogramme de nourriture produit par l’agriculture intensive six kilogrammes de terre disparaissaient à jamais…
La solution ? Devenir « producteurs de sol » par le compostage des « boues urbaines » provenant des stations d’épuration et des déchets ménagers et des collectivités : par un système de méthanisation et d’hygiénisation, ils peuvent être facilement transformés en produits à forte valeur ajoutée.
Source CLES
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