• Mes chevaux m'ont aidée à surmonter mon cancer

    Mes chevaux m'ont aidée à surmonter mon cancer

     

    2006, 2014 : deux années terribles. La foudre s’abat sur moi, traitreusement, hideusement. J'ai un cancer. Mon corps est devenu mon propre ennemi. Pendant de longs mois, régulièrement, il me faudra retrouver les mondes des blouses blanches et des hôpitaux. Mais on ne peut pas guérir dans un hôpital, on est trop entouré et baigné par la maladie.

    Alors j’ai fui. Fui la ville. Fui les hommes, pour recourir à ma médication personnelle, celle qui me tient en vie, qui me porte et me sauve. J’ai mis mes pas dans ceux de mes chevaux, mes compagnons à quatre jambes, Liam et Ananas. Ils sont mes peines et mes joies, mes sources vives. Ils sont le lien à la terre et au ciel, médiateurs, chamanes guérisseurs. Je me suis réfugiée dans mon coin de paradis, mon jardin d’Eden. Avec eux, je suis en paix : en paix avec mon corps, avec moi-même et avec les autres. Dans la tendresse de la nature, les douleurs du corps et du cœur s’apaisent.

    J'ai toujours pris la direction des écuries, ma deuxième maison, avant les tirs d’artillerie lourde. Grâce à sa gentillesse de bébé, Liam a toujours permis que je monte à cheval malgré la lourdeur des traitements et les moments de déprime. Pendant les heures de perfusion, je repensais à toutes les sensations éprouvées.

    Mes amies m’ont souvent demandé comment je parvenais à tenir le choc pour monter. Là-haut, j’oubliais mes douleurs, mes nausées, ma fatigue. Seule la nécessité de monter correctement, de travailler juste, m’importait. Le choc en retour arrivait au moment où je remettais pied à terre. Il fallait se contraindre à avancer, s’efforcer de poser un pied devant l’autre. S’efforcer ! C’est bien là que le bât blessait. Où trouver les forces qui me faisaient défaut ? Il y avait longtemps que la plus infime parcelle d’énergie m’avait quittée. Dans « s’efforcer » il y a deux « f », qui donnent sa force au verbe. Dans mon corps, il n’y avait que le « f » de « fatigue ». Avancer. Trouver l’étincelle … Là-haut, je la trouvais … Pendant une heure, la maladie s’évanouissait.

    J'étais à nouveau normale, valide, comme tout le monde. Je n’avais plus besoin de me porter, je me laissais porter. Mon corps se coulait dans le mouvement des foulées de Liam. Envolées les tensions ! Hanche droite, hanche gauche, au rythme de chaque diagonal. Tonicité et relâchement mêlés. J'écoutais son corps pour retrouver le mien. Liam était un excellent moteur : il était mes jambes, mon carburant, mon énergie, je ressentais toujours ce même sentiment de plénitude, là-haut, si loin de la terre et de ses vicissitudes. Sur lui, je pouvais avancer.

    Les jours où j'étais trop faible pour me jucher sur leur dos, je me contentais de passer du temps avec eux, à les regarder travailler, manger, bouger, s'amuser au pré... Devant ce simple spectacle, cette simple contemplation, je m’oubliais, j’oubliais la maladie. Je nous laissais à la porte de l’écurie, elle et moi. Je vivais en dehors d’elle, tant que je ne remettais pas pied dans la « vraie » vie. Je me fondais en eux, j'étais eux. Je n'étais plus conscience, je n'étais que sens. Les chevaux SONT tout, simplement. Grâce à eux, j'ai renoué avec une part vivante et entière de moi-même.

    Je restais souvent assise une heure, sur la caisse de pansage, devant le box, la porte ouverte, Liam venant me renifler tout doucement entre deux bouchées de foin, sauf les jours où même rester à l’air, assise, était au-dessus de mes forces. Lorsque les bas sont plus forts que les hauts, il faut quand même ouvrir les yeux, les garder ouverts. Se dire que quelque part, près de soi, en soi, contre soi, il y a encore une raison de se battre !

    Source : psychologies.com

    « Les chiens comprennent ce qu'on leur ditLe safran contre les troubles de l'humeur »
    Partager via Gmail Delicious Technorati Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks Pin It

    Tags Tags : ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :