• Fumer ne tue pas plus que la bêtise

    Fumer tue mais pas plus que la bêtise !

    Il arriva qu'un jour... pour la troisième ou la quatrième fois, Jacques essaya de s'arrêter de fumer. Oh, bien sûr, chaque fois il parvenait quelque temps à se passer de ses gros cigares. Mais il y avait toujours un soir, un de ces soirs de grande convivialité, où la tentation était trop forte, et sous prétexte de quelques bouffées il finissait par rechuter. Non, vraiment, cette fois-ci il n'en voulait plus de cette dépendance servile à la nicotine, de cette mauvaise habitude qui finissait par lui irriter la gorge presque toute la journée.

    Profitant d'une visite chez son vieil ami César, il lui fit part du dégoût de lui-même que maintenant le tabac lui provoquait.

    - Si tu savais comme cela me sort par les yeux de fumer... Et en même temps, je ne sais pas m'en passer !

    - Ce n'est pas en se détestant de consommer les choses que l'on apprend à s'en passer ! Mais au contraire en s'admirant de bien les consommer... avait-il répondu, comme à l'accoutumée aussi tranchant qu'un couteau, aussi câlin qu'un chaton !

    - Mais quand même, fumer tue! C'est écrit en gros sur les paquets maintenant !

    Et vraiment, je ne vois pas comment je pourrais m'admirer en fumant...

    - Fumer tue... fumer tue ! répéta le vieil homme en grognant. Fumer tue peut-être, mais pas plus que la bêtise !

    Déjà César était retourné à ses occupations du moment : soigner ses fleurs en sifflotant. Pas question de le déranger, d'ailleurs il n'aurait même pas répondu. Non, Jacques devait lui-même trouver comment mieux aimer le fumeur au lieu de le détester, s'il voulait efficacement s'arrêter de fumer. Comme toujours, son César l'Enchanteur ne lui montrerait la solution qu'au moment où lui-même aurait enfin trouvé la vraie question. Ah bon sang, quel yoga du cerveau, ce terrible jeu de la vraie question ! Car enfin on peut aimer fumer, mais aimer le fumeur, ça c'est une autre histoire! II fallut toute la fin de la journée pour que Jacques peu à peu se fasse à l'idée que pour bien arrêter de fumer, il fallait d'abord beaucoup aimer le fumeur. C'est à table, tard dans la soirée, qu'il se risqua à essayer d'en savoir plus :

    - Mais quand même, César, tu pourrais bien m'aider... Comment faut- il que je m'y prenne pour mieux aimer le fumeur ?

    - Ah ça, mon vieux, c'est facile ! II te suffit de remercier Dieu pour chaque cigare qu'II te donne. Et même, tu pourrais faire de cet instant délicieux... un instant de prière, de louange... bref, toutes ces petites affaires que tu dois bien aux cieux !

    Jacques en resta bouche bée, perplexe, et son cerveau volait à mille à l'heure devant cette porte entrouverte. « C'est génial son truc, pensa-t-il ; pour chaque cigare un moment de foi sincère, un recueillement au moins équivalent à la dégustation du tabac ! »

    - C'est sûr, avec un tel Jeu, le fumeur devient admirable, impossible de continuer à le détester, lança Jacques soudain amusé.

    - Et en plus, mon vieux,

    un jour tu sauras tellement bien prier... que tu n'auras plus besoin de fumer !

     

    Extrait de "César l'enchanteur" de Bernard Montaud

    Source : CLES

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