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Fées, lutins, elfes : entre légende et réalité
© D.RLes esprits de la nature sont souvent relégués aux rangs des légendes populaires. Pourtant, nos ancêtres prétendaient les voir, et interagir avec eux. Et si, nichés au cœur de notre nature, s’activait tout un petit monde invisible? Qui sont-ils, quel est leur rôle, et comment les rencontrer ?« La nature est un temple ou de vivants piliers, laissent parfois sortir de confuses paroles, l’homme y passe à travers des forêts de symboles, qui l’observent avec des regards familiers », écrivait Charles Baudelaire. Si la nature abritait des êtres conscients, l’homme pourrait-il tout comme le mage autrefois, interagir avec ce monde sensible ?
On les appelle fées, djinns, dévas, esprits de la forêt ou lèprechaunes… Pléthore de noms, pour une même réalité ?... Pour Vincent Lauvergne, chercheur indépendant, conférencier et alchimiste, nous vivons sur un plan matériel, dense, mais il existe une infinité de plans subtils « nous pouvons passer d’un univers à l’autre en fonction de notre réceptivité. Je suis convaincu qu’il y a mille ans les gens qui vivaient à la campagne avaient une connaissance intuitive de la nature et donc une perception plus vaste que nous. C’est pour cela qu’on retrouve dans beaucoup d’écrits anciens des interactions entre des esprits de la nature, des êtres liés à l’eau, au feu, à l’air… »Des recherches récentes ont montré que le monde végétal est doté de caractéristiques surprenantes : capacité à communiquer, mémoire, solidarité au sein de leurs « familles »… (voir l’article Les plantes ont-elles des superpouvoirs ?) Pourtant si l’on en croit les classifications naturalistes, il existe toujours un abîme entre le monde animal, et végétal. Toutefois, tout le monde ne partage pas cette cosmogonie. De nombreux peuples hier et aujourd’hui interagissent en effet avec le monde naturel.
Dans l'antiquité, on a personnifié et divinisé les éléments. Les orientaux représentaient généralement le vent sous la forme de génies fantastiques. Les grecs en faisaient des génies ailés… Les Celtes et les Gaulois sacralisaient bois, rivières, montagnes, et autres éléments de la nature. Les arbres, notamment le chêne, étaient l’objet de récits mythologiques, lieu d’offrandes et de rituels sacrés… Certaines de ces croyances ont très largement survécu en Europe. En Islande par exemple, 62% des habitants croient en l'existence d’un «peuple invisible». Le sujet est pris très au sérieux, si bien que récemment la construction d'une voie rapide a été suspendue par des défenseurs des elfes, qui, pour ce faire, s'étaient alliés aux écologistes afin de demander une interdiction de construire pour préserver l’environnement de leurs protégés.
On trouve partout dans le monde d’autres exemples d’animisme, cette croyance en une force vitale, qui anime les êtres vivants et les éléments naturels. Pour les Indiens Achuar de l'Amazonie équatorienne, les plantes sont dotées d'une âme. La forêt et les cultures constituent ainsi les théâtres d’échanges sociaux avec ces êtres avec lesquels il convient de nourrir de bons rapports pour maintenir l’équilibre naturel. Dans de nombreuses traditions d’Afrique, les esprits de la nature sont les gardiens des territoires : l’esprit du tonnerre, du vent, de la tempête, de la pluie... Au Kenya, pour le peuple Luo, l’un des plus actifs est Mumbo, l’esprit du Lac. Au Mali chez les Dogons, l’Esprit de l’eau est considéré comme le père de l’humanité…Il existerait une infinité de plans, et de types d’esprits qui s’activeraient pour prendre soin du vivant, tels de petits jardiniers de l’invisible. La diversité des peuples de la nature a été classifiée pour la première fois par le docteur, astrologue et mystique suisse Paracelse au 16ème siècle. Il avait identifie 4 populations distinctes d’Etres, les « élémentaux ». Les Gnomes, lutin, trolls dépendaient ainsi de la terre ; les fées, elfes, sylphes de l’air ; les sirènes, nymphes, vouivres de l’eau ; les salamandres du feu… D’après Anne Givaudan, auteure célèbre pour ses incursions dans les mondes invisibles par des sorties hors du corps, ces êtres évolueraient dans l’Ether, un cinquième élément moins dense que les autres. « Aujourd’hui notre monde est en train de s’éthériser, ce qui signifie aussi que les êtres qui peuplent le monde éthérique deviennent de plus en plus tangibles et visibles à nos yeux d’humains », relate-t-elle dans son livre, Rencontre avec les êtres de la nature (Ed. Sois).
Pourrait-on bientôt rencontrer des fées ailées, ou des petits gnomes trapus? Peut-être, mais ces apparences seraient trompeuses, puisque la forme sous laquelle nous les voyons serait le fruit de notre culture, comme le précise Vincent Lauvergne : « ce que nous percevons correspond à nos propres croyances, dessiné par notre mental. Mais en réalité nous sommes face à une énergie qui n’a pas de forme, puisque le plan de la forme est le nôtre. »En plus des élémentaux, il existerait aussi des « Esprits groupes », que l’on retrouve dans le chamanisme amérindien. « Toutes les verveines, par exemple, sont liées à une entité que l’on appelle dryade. Les hamadryades sont quant à elles des esprits individuels, ceux des arbres maîtres par exemple. Généralement rien ne pousse autour d’eux, ils sont extrêmement impressionnants », partage Vincent Lauvergne. Pour Anne Givaudan, « Ces arbres ont une conscience individualisée et se passent des informations de génération en génération (…) Leur énergie est guérissante, et bien souvent le peuple animal qui en a conscience se roule dans la terre qui l’entoure ».
Quel type de partage ou de collaboration est à envisager avec ces êtres ? Pourrait-on un jour imaginer cultiver un jardin généreux, avec en lieu et place de pesticides, les mains aidantes des petits esprits? Étonnamment, il existe à ce sujet un cas d’école ! Cela s’est passé dans les années 60, dans la communauté de Findhorn, en Ecosse. Installés sur une terre infertile, les habitants auraient pris contact avec des êtres naturels et demandé de l’aide pour leur potager. Le succès fut prodigieux : des légumes et fruits impressionnants ont poussé, au grand étonnement des agriculteurs environnant. On trouve une autre référence notable à ce sujet. Rudolf Steiner, le père de l’anthroposophie, un courant spirituel et scientifique, aurait communiqué dès l’enfance avec ces êtres. Par la suite, il a inventé le concept très répandu aujourd’hui de biodynamie, qui considère l’exploitation agricole comme un organisme indépendant. Dans son système, les esprits rattachés aux plantes auraient ainsi un rôle majeur à jouer.Enfin, comment, alors que beaucoup d’entre nous paraissent coupés de la nature, renouer avec les esprits qui l’animent ? S’il n’existe pas de solution toute faite, créer une relation avec le monde naturel implique une reconnexion au sacré qui nous entoure. Pour Vincent Lauvergne, il faut commencer par fuir les hauts lieux du tourisme spirituel et se mettre à l’écoute: « la base c’est de passer du temps dans la nature, trouver des endroits sacrés encore un peu sauvages, et il y en a beaucoup en France. C’est là que vous pourrez méditer et percevoir des choses. Marcher en pleine nature est aussi une initiation. Quand il n’y a rien ni personne, avec de la patience vous finirez par croiser autre chose… »
Source : INREES.com
Tags : Esprits de la nature
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